C’est en 1964 que les Muppets sont devenus un phénomène national, un tournant décisif pour leur créateur. L’ascension de Jim Henson jusqu’aux sommets des programmes télévisés a été fulgurante. En 1955, il avait 18 ans et étudiait le théâtre de marionnettes à l’université du Maryland, lorsqu’il a obtenu son premier travail sur une chaîne de télévision locale. Il y apparaissait dans des émissions de variété avec ses marionnettes faites à la main, faisant du playback pendant cinq minutes sur des nouveautés musicales. Un an après seulement, il décrochait un créneau de diffusion très regardé, juste avant le Tonight Show, ainsi que de nombreux contrats avec des entreprises locales qui voulaient ses marionnettes anarchiques et expressives dans leurs campagnes publicitaires. En 1958, avec deux émissions télévisées quotidiennes, une entreprise du nom de Muppets, Inc. et un Emmy du meilleur programme local en poche, Henson a laissé libre cours à sa créativité et a commencé à explorer de nouveaux types de médias.
“Jim n’était pas un marionnettiste”, a déclaré Jerry Juhl, un de ses premiers collaborateurs qui est ensuite devenu le principal scénariste du Muppet Show. “Il a fait du théâtre de marionnettes parce que c’était un moyen d’entrer dans le monde de la télévision et du cinéma… c’était ça, sa vraie passion.” Henson avait des idées qui lui venaient en tête plus vite quelles ne pouvaient être utilisées et qui remplissaient des pages entières de carnets à dessin, s’amusant ainsi des possibilités de montage du cinéma d’animation. La plupart de ces idées n’ont jamais abouties et sont donc perdues, mais nous avons tout de même des preuves de la réserve inépuisable d’énergie créative de Henson. D’une durée d’une à trois minutes, les courts-métrages de notre série sont l’illustration de l’expérimentation formelle dynamique qu’il appliquait à un média qui allait faire sa renommée internationale.
Après une décennie dans le monde de la télévision, Henson s’est décidé à prouver qu’il était plus qu’un “homme à marionnettes”. Sur une durée de huit mois, il a profité de tous les petits moments qu’il avait pour tourner des fragments de son projet fétiche, Alpträume (1965). Un flux de conscience moderniste sans Muppets, ce collage sur bande-son de percussions suivant la course contre le temps d’un homme quelconque est véritablement le fruit du travail d’un seul homme. La prise de vues réelles est devenue une nouvelle forme d’expression créative pour Henson qui ne s’est pas laissé décourager par ses premiers pas dans ce milieu. Le film a connu un succès dans le monde du cinéma d’art et d’essai et a été diffusé pendant 18 mois au Paris Theater de New York, avant de remporter une Plaque de St. Mark (“quoi que ce soit” a déclaré Henson) à la Mostra de Venise et une nomination pour un Oscar® du meilleur court métrage de fiction. Quinze années plus tard, Henson s’est lancé dans un autre superbe voyage cinématographique en tant que réalisateur, mais cette fois-ci, les Muppets étaient également de la partie.

ONE LAST CHANCE

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