Imprégné d’une imagerie saisissante, ce portrait réalisé par Nina Menkes est celui d’une féminité aliénée qui oppose le clinquant du Las Vegas nocturne à sa solitude diurne. D’un glamour discret, les griffes rouges que porte la croupière sont un geste de résistance contre la monotonie du casino.
Des objets surréalistes forment un décor dans lequel une ménagerie d’animaux se faufile et se glisse dans le conte monochrome de Nina Menkes. Devenue insensible à cause de relations sans amour et de guerres inutiles, la croupière interprétée par Marina Shoif lévite vers l’éther afin de se libérer.
L’odyssée hypnotique à pied, en train et en bateau de Nina Menkes évoque des sentiments inexprimés d’exil et d’aliénation à travers une imagerie proche de la transe. Dans le rôle de l’héroïne vagabonde, l’aura énigmatique de sa sœur Tinka Menkes touche par sa sensibilité autobiographique puissante.
En confiant à sa sœur le rôle d’une policière enquêtant sur un meurtre, Nina Menkes plonge au cœur d’une tempête de violence militaire et sexuelle. Renonçant à toute résolution, ce film fascinant dégage une atmosphère obsédante, tourbillonnant d’images oniriques et d’incantations envoûtantes.
Ce premier long-métrage atmosphérique de Nina Menkes, qui se déroule dans des motels et des prisons, retrace la nature cyclique de l’exploitation. Débordant de rage, l’évocation par Tinka Menkes d’une psyché féminine fracturée dévoile le ravage émotionnel des rencontres transactionnelles.