Le suspense, c’est le cinéma, et le cinéma, c’est le suspense. Peu de réalisateurs ont compris cette équation aussi intuitivement que Brian De Palma, et moins encore y ont pris un plaisir aussi évident. Jouant avec la distance esthétique, De Palma nous plonge dans des scénarios méticuleusement élaborés pour ensuite nous en extirper brutalement, la bouche encore ouverte d’étonnement. Cette tendance, son sens de l’humour et sa virtuosité technique présentent ce cinéaste originaire du New Jersey comme l’héritier d’Alfred Hitchcock, le maître du suspense.
Si les trucages visuels et les effets réalisés directement grâce à la caméra étaient des feux d’artifice, ce triptyque impressionnerait tel un spectacle du 14 juillet. En faisant de la technique un véritable spectacle, ces films captivent grâce à des dioptres à foyer partagé, des plans-séquences étourdissants sur 360 degrés, et des prises de vue aériennes. Mais ils sont aussi profondément émouvants, chacun tournant autour d’un lien significatif — un geste d’amitié, une romance naissante — qui perdure bien au-delà de la démonstration visuelle.
Dans Carrie (1976), une maison s’effondre sous le poids insupportable des souffrances croissantes et du fanatisme religieux. Les tremblements orgasmiques d’un massacre télékinésique et du matricide qui s’ensuit, servent aussi de travaux de démolition sur les décors du film. Dans Blow Out (1981), un bruiteur enrichit sa collection de sons : des pas, une averse, des battements d’ailes, le ronronnement d’un moteur. Mais elle reste incomplète sans un cri giallo : le hurlement étranglé d’une victime à quelques secondes de la mort. Tandis que le preneur de son incarné par John Travolta se précipite à travers Philadelphie pour stopper le tueur, ce cri s’étrangle dans la gorge d’une call-girl. Pulsions (1980), un thriller façon palais des glaces sur le désir et la dissociation, s’en prend à la fantasmagorie libidineuse. Dans sa fameuse scène de séduction, deux inconnus libertins tracent des cercles de plus en plus petits autour d’un musée d’art, se rapprochant et s’éloignant dans un rituel d’accouplement rythmé.
Véritable leçon de plaisir différé, cette séquence est le joyau de l’œuvre de De Palma et le modèle de son style de mise en scène. Tantôt aguicheur, tantôt flamboyant, et jouant toujours avec l’attente, ses films réunis ici semblent tirés tout droit du manuel des préliminaires cinématographiques.

Le suspense, c&#8217;est le cinéma, et le cinéma, c&#8217;est le suspense. Peu de réalisateurs ont compris cette équation aussi intuitivement que Brian De Palma, et moins encore y ont pris un plaisir aussi évident. Jouant avec la distance esthétique, De Palma nous plonge dans des scénarios méticuleusement élaborés pour ensuite nous en extirper brutalement, la bouche encore ouverte d&#8217;étonnement. Cette tendance, son sens de l&#8217;humour et sa virtuosité technique présentent ce cinéaste originaire du New Jersey comme l&#8217;héritier d&#8217;Alfred Hitchcock, le maître du suspense.
Si les trucages visuels et les effets réalisés directement grâce à la caméra étaient des feux d&#8217;artifice, ce triptyque impressionnerait tel un spectacle du 14 juillet. En faisant de la technique un véritable spectacle, ces films captivent grâce à des dioptres à foyer partagé, des plans-séquences étourdissants sur 360 degrés, et des prises de vue aériennes. Mais ils sont aussi profondément émouvants, chacun tournant autour d&#8217;un lien significatif &#8212; un geste d&#8217;amitié, une romance naissante &#8212; qui perdure bien au-delà de la démonstration visuelle.
Dans Carrie (1976), une maison s&#8217;effondre sous le poids insupportable des souffrances croissantes et du fanatisme religieux. Les tremblements orgasmiques d&#8217;un massacre télékinésique et du matricide qui s&#8217;ensuit, servent aussi de travaux de démolition sur les décors du film. Dans Blow Out (1981), un bruiteur enrichit sa collection de sons : des pas, une averse, des battements d&#8217;ailes, le ronronnement d&#8217;un moteur. Mais elle reste incomplète sans un cri giallo : le hurlement étranglé d&#8217;une victime à quelques secondes de la mort. Tandis que le preneur de son incarné par John Travolta se précipite à travers Philadelphie pour stopper le tueur, ce cri s&#8217;étrangle dans la gorge d&#8217;une call-girl. Pulsions (1980), un thriller façon palais des glaces sur le désir et la dissociation, s&#8217;en prend à la fantasmagorie libidineuse. Dans sa fameuse scène de séduction, deux inconnus libertins tracent des cercles de plus en plus petits autour d&#8217;un musée d&#8217;art, se rapprochant et s&#8217;éloignant dans un rituel d&#8217;accouplement rythmé.
Véritable leçon de plaisir différé, cette séquence est le joyau de l&#8217;œuvre de De Palma et le modèle de son style de mise en scène. Tantôt aguicheur, tantôt flamboyant, et jouant toujours avec l&#8217;attente, ses films réunis ici semblent tirés tout droit du manuel des préliminaires cinématographiques.

Le maître du suspense : Trois films de Brian De Palma

LE MAÎTRE DU SUSPENSE : TROIS FILMS DE BRIAN DE PALMA

Maître du suspense, tel Alfred Hitchcock avant lui, Brian De Palma a enchaîné trois succès majeurs entre les années 1970 et 1980 avec ces films iconiques et effrayants. À la fois délicats et techniquement spectaculaires, ces thrillers cultes repoussent les limites de la narration cinématographique.

Maître du suspense, tel Alfred Hitchcock avant lui, Brian De Palma a enchaîné trois succès majeurs entre les années 1970 et 1980 avec ces films iconiques et effrayants. À la fois délicats et techniquement spectaculaires, ces thrillers cultes repoussent les limites de la narration cinématographique.